Patrick AUGER (1er Dan) le 12 décembre 2008
Le 12 Décembre 2008
A l'Aïkikaï Varennes-Jarcy, les cours enfants-adultes sont des moments de convivialité très appréciés par les enfants mais aussi par les adultes, toujours aussi nombreux à y assister.
Ces cours familiaux sont là pour nous rappeler que plusieurs fois par semaine, certaines personnes, armées de patience et de pédagogie, s'occupent de faire progresser nos petits samouraïs.
Patrick a longtemps été assistant pour les cours enfants, il a repris ces cours en tant que professeur principal depuis cette rentrée, c'est donc le "sensei des enfants" que nous questionnons aujourd'hui.
- Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu nous dresser ton parcours d'aïkidoka ?
C'est mon voisin, Roland qui m'a parlé du cours d'aïkido qui avait lieu à Varennes. Ayant déjà pratiqué la boxe française et un peu de karaté lors de mes 20 ans, je restais intéressé par un art martial ou art de combat. Je suis allé à un cours pour regarder, puis pour essayer... Puis j'ai adopté. C'était en septembre 1994 !
Mon parcours d'aîkidoka est très simple : 14 ans à Varennes, d'abord avec Rudi comme prof, avec lequel j'ai obtenu tous mes grades jusqu'à la ceinture marron. Et maintenant c'est avec Elyse.
En juin 2007, j'ai obtenu mon 1er Dan. Enfin !, puisque ce fut après 2 tentatives. Mais ces 2 "échecs" m'ont obligé à plus travailler, à améliorer mes bases : irimi, centrage, placement. Peut-être que sans ces loupés, je serais moins bon (ou plus mauvais..). Et puis, la ceinture noire n'est pas une fin en soi, mais une balise dans le parcours d'un pratiquant d'art martial.
"..la ceinture noire n'est pas une fin en soi, mais une balise dans le parcours ..."
- Quel est (quels sont) ton (tes) plus beau(x) souvenir(s) d'aïkido ?
Mes plus beaux souvenirs sont des stages animés par les maîtres Tamura et André Nocquet.
Avec maître Tamura, j’ai vu un homme d’environ 60 ans nous montrer lors de l’échauffement des chutes magnifiques : toutes en souplesse, sans bruit … un vrai félin !
Avec Maitre Nocquet, qui avait à l’époque un peu plus de 70 ans, j’ai vu un homme un peu lourd, âgé, mais qui se déplaçait avec une aisance et un naturel stupéfiants. De plus, il racontait certaines de ses expériences avec O Sensei, des phrases que O Sensei ajoutait à son enseignement technique : j’avais l’impression de recevoir, par maître Nocquet interposé, une partie de l’enseignement philosophique de O Sensei !
"..recevoir une partie de l'enseignement philosophique de O-Sensei ..."
- Tu viens de reprendre les cours enfants et adolescents du club, comment ça se passe ?
C’est difficile : il faut trouver les mouvements et techniques qui leur sont accessibles, trouver les explications adaptées à leur compréhension , faire respecter une discipline sans être trop rigide, essayer de conserver leur attention …
En contre-partie, les enfants font preuve d’un naturel, de spontanéité envers le prof : j’ai l’impression qu’ils me considèrent, par moments, comme leur copain et pas seulement comme leur prof. Ce sentiment de proximité est très agréable.
- Qu'est-ce qui t'a motivé dans ce choix d'enseignement ?
2 motivations principales mais je ne sais pas dire laquelle fut prépondérante :
L’envie de faire partager mes connaissances : je pense avoir en moi un peu de fibres de maître d’école !!
L’envie que les cours pour les enfants continuent : peut-être que parmi eux, certains continueront, ou plus tard lorsqu’ils seront adultes reviendront à l’aïkido car ils l’auront connu étant jeunes.
Et je suis satisfait de cette décision car il y a 5 enfants qui poursuivent l’aïkido et 4 nouveaux venus.
Nous avons donc 9 enfants qui prennent plaisir à pratiquer l’aïkido.
- Quel est selon toi ton apport personnel dans cet enseignement ?
Question difficile !! Je répondrais plutôt à la question « Qu’est-ce-que tu crois apporter personnellement? » ou bien « Qu’aimerais-tu apporter ? »
J’aimerais faire comprendre aux enfants que l’aïkido ce n’est pas l’utilisation de la force mais c’est l’utilisation d’un déséquilibre , de la force que chacun possède en son centre et non celle de ses muscles. C’est pourquoi, souvent, je prends l’un d’eux comme Tori et je joue le rôle d’Uke. Je montre ainsi que malgré ma force physique qui est supérieure à la leur, je ne peux pas résister si la technique est bien réalisée.
- Travailles-tu certaines techniques ou certains principes plus particulièrement ?
C’est un peu tôt pour dire que je privilégie certaines techniques ou certains principes vu que cela ne fait que 2 bons mois que le cours a commencé, et qu’il y a des débutants auxquels il faut laisser le temps de se familiariser avec les tai-sabaki et les chutes. Si j‘essaie de me projeter dans l’avenir, Ikkyo aura une place importante. Je pense aussi que je travaillerai peu les techniques qui sollicitent beaucoup les articulations car les enfants, comme les adultes d’ailleurs (!!), ont tendance à travailler en force. En contre-partie, les techniques avec déplacements et projections prendront une place
importante dans le programme. Mais tout cela reste à confirmer dans le temps.
"..Ikkyo aura une place importante..."
- L'Aïkido n'est-il pas difficilement accessible pour des jeunes enfants ? Comment arrives-tu à les intéresser ?
Bien sûr que l’aïkido est difficile pour les enfants… enfin … en tant qu’adulte, j’imagine que ça l’est pour eux.
Est-ce que cela l’est plus pour eux que pour les adultes ? Je pense que oui, mais comme ils sont loin d’être idiots, je pense qu’ils peuvent apprendre cet art martial. Par contre, les notions abstraites de centrage, irimi, de force ne sont pas à expliquer par le verbe mais plutôt par la démonstration pour qu’ils puissent essayer de copier, reproduire.
Comment j’arrive à les intéresser ?
Encore une bonne question ? Puis-je utiliser un joker ? Non ? Donc je vais essayer de répondre …
A la différence des adultes, certains sont moins intéressés que d’autres, les enfants se déconcentrent plus facilement, ils ont envie de jouer. Je suis donc en permanence à la la recherche du moyen de conserver leur attention : j’utilise alors le jeu, mais rarement; je les prends à tour de rôle comme Uke ou bien je leur demande de montrer une technique. J’essaie ...
- Dans quel état d'esprit es-tu en ce moment et quels sont tes projets ?
Mon projet : améliorer mes connaissances en aïkido. Cela passera obligatoirement par le travail. Savoir si je chercherai à passer le 2ème Dan … pour l’instant je ne sais pas.
- Tu fais partie des plus anciens et des plus fidèles à l'Aïkikaï Varennes-Jarcy, un petit mot sur le club ?
En septembre j’ai débuté ma 15ème saison de pratique à Varennes, c’est donc que je m'y plais. Pourquoi ?
Je pense que, outre le fait que ce soit un club à taille humaine, où l’on pratique dans une salle au cadre très agréable, la raison principale est : nos professeurs. Je ne les nommerai pas pour ne pas les mettre mal à l’aise !! Ils nous font profiter de leurs enseignements tout en respectant profondément chacun de nous : aucun reproche relatif à notre assiduité ou au manque de celle-ci, aucune remarque désagréable voire blessante sur notre pratique. Ce respect, me semble-t-il, est ressenti par chaque pratiquant, puis redonné aux autres par chacun. Cela crée une atmosphère très agréable sur le tatami et amène le plaisir d‘être ensemble.
C’est donc, pour moi, une très bonne raison de rester dans ce club.
"..ce respect ressenti par chacun est redonné aux autres ..."
- Un conseil pour les nouveaux enfants inscrits cette année ?
Le chemin qui mène à une certaine connaissance de l’aïkido est long et demande beaucoup de pratique, de répétition des techniques. Nous ne pouvons y parvenir que, si sur le tatami, nous prenons en premier lieu plaisir à pratiquer, à partager avec les autres aïkidokas.
Mon conseil : prendre plaisir à pratiquer l’aïkido !
- Ton fils Nathan fait partie des enfants du club. Que pense-t-il de son père en tant que professeur d'aïkido ?
Il faut le lui demander …
- Y a-t-il une question que tu aurais aimé que je te pose ? Et quelle aurait été ta réponse ?
Non … je ne vois pas. Je me suis déjà beaucoup livré ...
Merci Patrick, malgré ta modestie et ton humilité, de t'être "livré" lors de cette interview. Le club et surtout les enfants te remercient également, pour ces heures que tu leur consacres, pour la passion et les principes que tu leur transmets.
Et nous sommes sûrs que le jour où l'un d'entre-eux, devenu figure de l'aïkido de demain, sera interviewé dans les vestiaires Aïkivj, en réponse à la première question, il te citera dans son parcours d'aïkidoka !
P@scal